« Compagnon sur Pattes : Des Amis pour la Vie »

Sa journée commença avec un réveil des plus humides. Allongé sur le ventre, la main pendant dans le vide et la joue écrasée contre le matelas, il fut saisi d'une envie pressante qu'il réprima cependant. Après quelques minutes plongé dans un demi-sommeil, il leva la main pour se gratter le nez et y étala une substance froide, visqueuse et collante. Se retournant sur le dos, il l'essuya de son autre main et contempla la première avec un regard embué de sommeil avant d'entendre le coupable gémir au pied de son lit. Un petit sourire éclaira son visage alors qu'il tapotait sur son lit pour l'inviter à monter, se retrouvant écraser par le jeune chien tout frétillant qui couvrit son visage de milles attention toutes plus baveuses les unes que les autres.
Après s'être fait nettoyer bouche, nez, yeux et oreilles par son chien, il finit par se lever et lui donna à manger avant de se dépêcher de prendre une douche pour laver toute cette bave. Une fois propre, il prit un petit déjeuner succin composé d'une simple tasse de thé et jeta un coup d’œil au journal déposé par l'ouverture de sa porte d'entrée. Il avait pensé à fermer la porte du couloir et pouvait le lire tranquillement sans avoir à deviner les informations avec l'écriture baveuse et les mots manquants. Une fois fait, il se leva pour se brosser les dents, enfila un blouson de cuir et attrapa la laisse de son chien qui était accrochée à côté de la porte.
Le voyant faire, ce dernier commença à bondir partout comme s'il était un lapin, courant à droite à gauche sans se laisser attacher. Sans perdre patience, il attendit que le foufou se calme avant de faire mine fouiller dans le placard de l'entrée où étaient rangées ses friandises. Le chien se calma tout de suite et vint s'asseoir à ses pieds, levant vers lui ses petits yeux pleins d'espoir. Il en profita pour lui attacher la laisse au collier et lui donna un os en biscuit pour le récompenser, attendrit par son attitude.

Ce que Jumper ne savait pas, c'est que ce n'était pas une simple balade mais une visite de contrôle chez le vétérinaire. Âgé de quelques mois, Peter l'avait acheté à un éleveur particulier peu après sa naissance. Il avait à l'époque pris soin d'informer ses voisins qu'il faisait l'acquisition d'un rottweiller mais qu'il le dresserait fermement pour éviter tout accident. Les gens ne s'étaient pas inquiétez, notamment à la vue de sa profession et de son expérience avec les chiens. Mais le lieutenant était loin de se douter que son rottweiller serait croisé avec un labrador. Ce n'était cependant pas pour lui déplaire car si le chien avait l'allure d'un rottweiller avec un museau moins anguleux, son caractère était celui d'un labrador pur et dur en soumis.
Après quelques efforts de persuasion, il finit par réussir à le faire marcher au pied et l'emmena directement au petshop où le vétérinaire l'attendait pour 10h30 environ. La boutique était plutôt fréquentée aujourd'hui. En attendant son rendez-vous, son chien fit connaissance avec d'autres chiens dans le magasin et il fureta un moment au rayon des jouets en hésitant devant un énorme os à mâcher en peau de cochon mais avant qu'il n'eut pu faire son choix, une dame en blouse blanche vint le trouver pour l'emmener à l'arrière, derrière un comptoir surmonter d'une enseigne désignant le vétérinaire. Le cabinet n'était pas très grand, ce qui justifiait que l'on attende en dehors qu'on vienne nous chercher, sans doute pour le côté marketing.
Le rendez-vous fut bref. Elle regarda dans ses oreilles, inspecta ses yeux et ses pattes, prit sa température et lui fit un vaccin. Le chien ne broncha pas une seule fois, sauf au moment de la température où il baissa les oreilles en arrière et fixa son maitre avec un air désespéré. Une fois fait, il eut droit à une petite récompense et Peter fut félicité de la bonne santé de son fidèle compagnon. Au moment de sortir du cabinet, il demanda à la jeune femme quelques conseils pour dresser son chien, notamment concernant la marche au pied pour qu'il arrête de tirer sur sa laisse et sur son obéissance à venir près de lui quand il l'appelait. Cette dernière le convia à assister à une séance maitre-compagnon qui allait se dérouler ultérieurement et le mena par une autre porte à l'arrière boutique où se trouvait un jardin.

Quelques personnes se trouvaient là, à jouer avec leur chien et à tester leur obéissance tandis que d'autres avaient été amené pour trouver le chien qui leur conviendrait le mieux. Il attrapa une balle de tennis et l'agita devant le museau de son chien avant de la lancer. Ce dernier courut à la poursuite de la balle et partit avec malgré l'insistance de son maitre lui demandant de la lui rapporter. Peter fini par abandonner et s'assit dans l'herbe en riant où il fut accosté par le maitre d'un jeune cocker. Ils discutèrent quelques minutes jusqu'à ce que Jumper revienne de lui même en se sentant abandonné. Entre temps, les gens s'étaient regroupés autour d'une jeune femme qui s'occupait de l'animation, il se leva et épousseta son pantalon avant de les rejoindre, curieux. Il se glissa entre une adolescente et une jeune femme, débarquant discrètement au milieu de la présentation mais la discrétion ne semblait pas être le fort de son chien qui força le passage entre lui et l'adolescente, lui donnant un petit mais puissant coup de queue. Il attrapa la jeune fille par le bras pour l'empêcher de tomber sous le coup et s'excusa, gêné.

Je suis désolé, il ne sait pas ce qu'il fait.

Il rougit, embarrassé et contraignit son chien à s'asseoir à ses pieds sans bouger d'un air sévère. Il se redressa ensuite et sourit à la jeune fille avant de lui tendre la main.

Peter Griffiths se présenta-t-il. Vous cherchez le compagnon idéal ?